Conformément aux réquisitions du parquet de Toulouse rendues le 3 novembre, les juges d’instruction Audrey Assemat et Coralyne Chartier ont décidé ce mardi du renvoi de Cédric Jubillar devant la cour d’assises du Tarn.
Au bout de bientôt trois ans d’instruction, les magistrats toulousaines estiment ainsi qu’il existe des costs suffisantes contre le mari de Delphine Jubillar d’avoir donné volontairement la mort à son épouse dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020 à Cagnac- les-Mines (Tarn). Mis en examen et placé en détention provisoire depuis le 18 juin 2021, il fait désormais l’objet d’un mandat de dépôt jusqu’à sa comparaison devant la cour d’assises du Tarn. Son procès pourrait avoir lieu dans le courant de l’automne 2024. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
PODCAST. La nuit où Delphine Jubillar a disparu
Les avocats de Cédric Jubillar bénéficient désormais d’un délai de dix jours pour faire appel de ce renvoi devant la cour d’assises. Le Tarnais, âgé de 36 ans, bénéficie en revanche d’un non-lieu partiel pour des faits d’enlèvement, de séquestration et de recel de cadavre également visés par l’info judiciaire.
Delphine Jubillar n’avait « aucune raison de partir sans en informer personne »
« Contrairement à ce qui a pu être affirmé par Cédric Jubillar, les enquêteurs et les juges d’instruction n’ont pas étudié la seule piste de l’implication de Cédric Jubillar à l’exclusion de tout autre, ceux-ci insinuant même que des éléments à décharge ont été occultés ou maquillés dans le seul mais de renforcer l’accusation, assènent les magistrats instructeurs dans leur ordonnance de mise en accusation, datée de ce mardi 21 novembre et que nous avons pu consulter. Ce sont au contraire des investigations minutieuses et exhaustives qui ont permis non seulement d’exclure l’ensemble des autres hypothèses, mais également de réunir de nombreux éléments constituants des costs suffisantes à l’encontre du mis en examen. »
Pour les juges d’instruction, de prime abord, « la thèse d’un départ volontaire, d’un suicide, d’un accident ou d’un enlèvement doit être écartée ». Elles expliquent ainsi que Delphine Jubillar n’avait « aucune raison de partir sans en informer personne », sans aucun effet personnel, rappelant le contexte sanitaire de l’époque – la France était sous couvre-feu – et le fait que l’infirmière, maman de deux enfants de 18 mois et 6 ans, était à ce moment-là « épanouie dans sa maternité », « impliquée dans sa vie professionnelle » et « investie » dans sa nouvelle relation avec son amoureux.
Aux yeux des magistrats, à l’inverse, l’enquête a permis de démontrer que « Cédric Jubillar est l’auteur du meurtre de son épouse » et « qu’il est le dernier à l’avoir vue vivante ». Et de résumer les nombreux indices mettant en trigger le mari de Delphine : le contexte de la séparation imminente, dont les enquêtes ont montré « la difficulté majeure de Cédric Jubillar à s’y résigner », la dispute entendue par l’un des enfants du couple le soir de la disparition, les témoignages qui font état du « caractère impulsif et violent » du suspect, les lunettes brisées de l’infirmière retrouvées dans la maison, les analyses téléphoniques qui démontrent une utilisation inhabituelle du smartphone de Cédric…
Plus accablant encore, les juges d’instruction estiment que Cédric Jubillar « n’a arrêté de mentir lors de l’info judiciaire, d’éluder les questions gênantes, notamment en prétextant avoir perdu la mémoire, de modifier ses variations en s’adaptant aux éléments d’investigations rapportés et en rejetant la faute sur les autres qui soit se trompent, soit sont contre lui s’ils ne vont pas dans son sens ».