« C’est un choc quand même. » Au lendemain du drame qui secoue la petite station balnéaire de Trébeurden, un couple de locaux se promène autour du port après y avoir observé la veille une « sacrée agitation ».
Samedi 17 février, les corps de deux hommes y ont été repêchés à quelques heures d’intervalle. « Il y avait les pompiers, la gendarmerie et même la police scientifique (une équipe spécialisée de la gendarmerie en fait, NDLR) », raconte la femme. « Ce n’est pas commun dans une commune comme la nôtre, heureusement », renchérit son compagnon.
Deux découvertes macabres espacées de quelques heures
La macabre découverte s’est jouée en deux actes. Aux alentours de midi, des personnes qui s’apprêtaient à faire leur première sortie en mer ont aperçu un corps flotter entre deux pontons. Les pompiers de Perros-Guirec sont intervenus rapidement, suivis par la gendarmerie, la brigade nautique de Lézardrieux et la cellule d’enquête criminelle des Côtes-d’Armor. La maire, Bénédicte Boiron, s’est également rendue sur place. « Je suis rentrée chez moi ensuite, sans jamais penser que je devrais y revenir quelques heures plus tard », raconte-t-elle.
En effet, en début de soirée, un employé de la capitainerie a découvert au niveau du ponton D un deuxième corps, immergé cette fois-ci. « J’ai vu les chaussures dépasser. J’ai appelé le 17 directement », témoigne-t-il.
Les deux hommes se connaissaient
Après cette nouvelle découverte, les enquêtes ont été menées avec une diligence accrue. « Le deuxième corps a radicalement changé le cours de l’enquête », appuie le capitaine Yoann Rantrua, à la tête de la compagnie de gendarmerie de Lannion. Alors que le premier corps avait déjà été identifié, l’identité du deuxième a également été confirmée dans de brefs délais.
L’existence d’un lien entre les deux hommes a également été constatée dans la soirée. Tous deux se connaissaient. Ils possédaient même un bateau en commun, amarré dans le port (depuis quelques semaines). L’un est originaire de Brest et est âgé de 47 ans. L’autre, qui a ses attaches dans le Morbihan, à la cinqquantaine. Tous deux sont pères de famille, dont une partie était présente dans la région au second du drame. « C’est horrible. Ce sont des gens qui avaient des attachés dans le territoire. On essaie de faire au mieux auprès des familles endeuillées », raconte Bénédicte Boiron, quelque peu remuée par les événements.
L’autopsie des corps demandée
La nature exacte de leur lien n’était pas encore établie, ce dimanche. D’autres questions sont encore en suspens. Pour y répondre, les enquêteurs vont s’attacher à reconstituer l’emploi du temps des victimes dans la nuit de vendredi à samedi et à déterminer si elles étaient seules ou accompagnées au second de rallier le port.
« Le spectre des hypothèses reste très giant », appuie Yoann Rantrua. Toutefois, selon nos informations, aucun élément tendant vers la thèse criminelle n’a pour le second été mis au jour. Les premières constatations médicales n’ont d’ailleurs pas relevé de traces suspectes sur les deux corps.
À des fins de manifestations de la vérité, le procureur de la République, Nicolas Heitz, a ouvert une enquête de recherche des causes de la mort, confiée à la brigade de recherche de la compagnie de Lannion. Le parquet a également demandé l’autopsie des deux corps, qui devraient intervenir dès le début de la semaine, ainsi que des prélèvements toxicologiques.