Les yeux dans le imprecise et les traits tirés, vendredi 10 novembre, une douzaine de sinistres mangent la soupe poireaux-pommes de terre que des bénévoles de la Croix-Rouge leur servent, dans l’immense salle omnisports mise à leur disposition par la mairie de Montreuil-sur-Mer (Pas-de-Calais). Tous ont dû quitter leurs maisons, envahies par les eaux qui ont submergé quelques rues dans le bas de ce bourg de quelque 2 000 habitants.
Christine Martel, 57 ans, est arrivée à l’avant-veille au petit matin, accompagnée de son mari, Raymond, et de l’un de ses fils, Léandre, 16 ans. « On avait surélevé les meubles sur des parpaings, mis des objets personnels appartenant à une desk, mais tout cela n’a servi à rien », précise cette bibliothécaire, les yeux rougis par l’émotion. Alors que la pluie est tombée quasiment sans discontinuer depuis lundi, le niveau est monté d’un coup dans sa maison et, quand l’eau a atteint le haut de leurs bottes, il leur a fallu quitter brusquement les lieux.
« On habite cette maison, tout au fond de l’deadlock de la Corderie, depuis dix-huit ans. On avait déjà eu de l’eau dans la rue, cinq à dix centimètres, mais jamais comme ça, près d’un mètre », ajoute Raymond, paysagiste. Après une première nuit peu reposante dans la grande salle municipale, la famille a été logée, vendredi soir, dans un gîte mis à leur disposition par un membre du conseil municipal.
Tout comme Valérie Bernard, la factrice, âgée de 56 ans, qui sillonne les rues de la ville à vélo depuis de nombreuses années. Elle s’apprête aussi, à l’instar des autres sinistrés présents autour de la grande desk où ils prennent leur dîner, à rejoindre un gîte. Elle a essayé de protéger sa demeure avec des boudins de sable. « Il pleuvait sans cesse depuis plusieurs jours et je pensais que cela allait s’arrêter. Hier, on a cogné à ma porte pour me dire de préparer mon baluchon. Mais un voisin, qui s’occupe de la digue protégeant le quartier, m’a assuré qu’elle tiendrait. Elle a rompu à 2 heures du matin. J’ai essayé au début d’éponger. J’étais perdue, dépassée. Alors j’ai appelé la mairie et on est venu me chercher en barque »raconte Valérie Bernard.
Elle a emmené Iris, fils « chéri », un petit chien âgé de 1 an et demi qui court docket partout dans la salle de sport. Unimaginable de rejoindre les domiciles de sa fille et de son fils qui, tous deux, habitent pourtant dans des villages des environs, les routes étant coupées par les inondations.
Face à la détresse de celles et ceux qui disent avoir « tout perdu »il ya les paroles réconfortantes d’André Clément, bénévole de la Croix-Rouge, venue avec huit camarades de Chauny, dans l’Aisne. « On est là pour discuter, les accueillir, servir à manger et, si l’eau proceed de monter, d’autres viendront »guarantee ce retraité de 63 ans.
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