« On attend que justice soit faite, même si les peines ne seront jamais assez lourdes face à ces deux horribles crimes, confie Xavier Orsaz, le frère cadet de Christophe Orsaz et oncle de Célia Orsaz. On ne pardonne pas, on n’excuse rien, on veut juste qu’elle dise la vérité, mais je sais déjà qu’elle va essayer de se trouver des circonstances atténuantes. » Six ans après la mort de Christophe Orsaz, 46 ans, et de sa fille Célia, âgée de 18 ans, le 30 novembre 2017 à Bélesta (Ariège), les deux meurtriers présumés, Marie-José Montesinos et Jean-Paul Vidal, comparaissent du 17 au 24 novembre devant la cour d’assises de Foix.
Cette infirmière, 55 ans au second des faits, ancienne compagne de la victime, et ce mécanicien et cascadeur de 47 ans, un temps son amoureux, sont poursuivis pour l’assassinat du jardinier et le meurtre de sa fille, sur fond de vengeance et de jalousie. Marie-José Montesinos a été en couple avec Christophe Orsaz durant quatre ans, avant que celui-ci la quitte au printemps 2017, quand sa fille Célia est venue vivre avec lui à Mirepoix.
Les corps des deux victimes avaient été découverts six mois après leur disparition : celui de Christophe Orsaz à Bélesta, au fond d’une fosse septique — il avait été roué de coups de barre de fer —, et celui de Célia, exécuté d’une balle dans la tête, dans une forêt de l’Aude, à une vingtaine de kilomètres. Après six mois d’enquête, les gendarmes avaient découvert le scénario machiavélique des deux amants qui avaient attiré le père et sa fille, dont ils ignoraient la présence ce jour-là, dans un guet-apens.
L’accusée soupçonnée d’avoir manipulé son amant
Jean-Paul Vidal, père de trois enfants et décrit par ses proches comme « un homme calme et affable », a reconnu lors de l’instruction son implication dans les meurtres, après avoir été manipulé des mois par sa maîtresse. Marie-José Montesinos, qui avait renoué avec lui au printemps 2017, lui a envoyé des courriers menaçants à son domicile et à son travail, se faisant passer pour Christophe Orsaz. Elle a également acheté le téléphone ayant servi à contacter Christophe Orsaz et choisi le lieu de sa mise à mort.
L’ex-infirmière a toujours nié être à l’initiative du projet criminel, qui devait se limiter à une easy correction de son ancien compagnon. « C’est un homme qui a reconnu tous les faits, avec soulagement, donc l’enjeu de ce procès va être la personnalité manipulatrice de Marie-José Montesinos, qui a su profiter des carences, des failles dans la personnalité de mon shopper, analyser Mathieu Montfort, avocat de Jean-Paul Vidal. Dans les SMS qu’ils ont échangés avant les faits, l’accusée se met dans une scenario de faiblesse, alors Vidal veut la protéger. Elle l’a amené petit à petit vers ce qu’elle voulait. L’élément déclencheur, ce sont les menaces par lettres sur les enfants de Jean-Paul Vidal. »
« C’est quelqu’un de très sûre d’elle, avec de l’conceitedness »
Concernant l’élimination de Célia Orsaz, témoin gênant du meurtre de son père, Marie-José Montesinos a toujours assuré que c’est Jean-Paul Vidal qui a décidé de la tuer. Elle conteste y avoir participé, étant dans « un état de totale sidération » après le meurtre de Christophe Orsaz. Une minimisation de son implication qui ne tient pas selon les events civiles.
« Elle soutient que c’est Jean-Paul Vidal qui a pris la décision de tuer Célia et qu’elle l’a juste suivi en voiture jusqu’à la forêt, mais lors de la reconstitution il a été démontré que le fusil était dans le coffre de sa voiture et qu’elle a dû ouvrir à son amant pour qu’il le prenne, détaille Arnaud Levy-Soussan, conseil de la famille Orsaz et de la mère de Célia. Jean-Paul Vidal a dit qu’ils ont discuté de son type, qu’elle a convenu que c’était la meilleure resolution pour qu’ils échappent à la responsabilité de tout ce qu’ils avaient fait. Le profil psychologique et psychiatrique de cette femme est primordial pour comprendre cette horrible affaire. »
Une ancienne détenue, qui a côtoyé Marie-José Montesinos à la jail de Seysses, la décrit comme « antipathique, manipulatrice, prenant les gens de haut. Elle veut attirer la compassion sur elle mais n’émet aucun remorse sur son affaire criminelle. C’est quelqu’un de très sûr d’elle, avec de l’conceitedness. »
Le duo encourt la perpétuité
L’enquête de personnalité de Marie-José Montesinos pointe son instabilité amoureuse et conflictuelle avec le père de sa fille et ses compagnons. Challenge d’une fratrie de dix enfants, elle raconte avoir été victime d’inceste de la half de son père à l’âge de 9 ans. « Les traits de la personnalité sont décrits comme narcissiques avec une faible capacité d’empathie à l’égard de son environnement et un faible investissement affectif, souligne l’enquête. Il est également relevé sa tendance à se présenter comme victime. »
Une seconde experience psychiatrique, à la demande de la défense, démontre néanmoins « l’existence d’un bother de la personnalité sévère, à tendance dépressive anxieuse ». Aujourd’hui âgée de 61 ans, l’ancienne infirmière a déjà été condamnée en mai par le tribunal correctionnel de Foix à six mois de jail avec sursis pour des faits de vol, harcèlement et atteinte à la vie privée de son ancien compagnon Christophe Orsaz. , après leur rupture au printemps 2017 et avant les faits criminels.
Son avocat Laurent de Caunes, qui se refuse à tout commentaire avant les assises, soulignait lors de l’viewers en correctionnelle qu’elle « assumera devant la cour d’assises ce qu’elle a fait et dira son implication, sa culpabilité. C’est une personnalité fragile, pleine de fractures et de rugosité, une écorchée vive, dans l’exacerbation des conséquences de la confiance trahie. » Le duo diabolique encourt la réclusion criminelle à perpétuité.