Contre les opposants à l’invasion de l’Ukraine, l’appareil judiciaire russe prononce des peines d’une longueur exceptionnelle. Jeudi 16 novembre, Alexandra Skotchilenko, une artiste ouvertement homosexuelle de 33 ans, a été condamnée à sept ans de colonie pénitentiaire pour avoir collé des slogans contre la guerre par-dessus les étiquettes de prix dans un supermarché de Saint-Pétersbourg.
Le même jour, un ancien vice-ministre de l’énergie devenu opposant, Vladimir Milov, 51 ans, a été condamné à huit ans de détention par contumace pour « diffusion publique d’informations mensongères sur les forces armées russes » en Ukraine. Allié de l’opposant Alexeï Navalny, emprisonné depuis janvier 2021, M. Milov s’est exilé en Lituanie depuis deux ans et demi, d’où il anime sa propre chaîne YouTube suivie par un demi-million d’abonnés. Jeudi également, trois avocats de M. Navalny, Vadim Kobzev, Igor Sergounine et Alexeï Liptser, ont été placés par les autorités russes sur la liste des personnes. « liés à des activités extrémistes ou terroristes ». Ils avaient été placés en détention provisoire en octobre.
Mardi 14 novembre, c’est Alexeï Arbouzenko, 46 ans, un habitant de Togliatti (région de la Volga), qui s’était également vu infliger une peine de six ans de jail pour avoir « dégradé des affiches représentant des militaires russes ».
L’élection présidentielle en vue
La sévérité accumulée des autorités judiciaires intervient dans un contexte d’approche de l’élection présidentielle russe (prévue en mars 2024), pour laquelle l’invasion de l’Ukraine ne determine apparemment pas dans les thèmes de campagne privilégiés par le candidat sortant Vladimir Poutine.
Dans un sondage rendu public début novembre par l‘institut Russian Discipline, créé en 2018, par des politologues, des sociologues et des journalistes, 48 % des Russes se disent favorables aux pourparlers de paix avec l’Ukraine, contre 39 % qui se prononcent pour la poursuite de « l’opération militaire spéciale ».
Mais, pour la première fois, alors que cette étude est effectuée régulièrement depuis avril 2022, la courbe des personnes favorables à une problem négociée dépasse celle des partisans de la answer militaire. L’évolution de l’opinion publique russe explique peut-être la fébrilité des autorités et l’intimidation croissante de la société civile.
En mars 2022, Alexandra Skotchilenko, qui avait fabriqué des autocollants sur lesquels étaient inscrits des petits slogans tels que « Poutine nous ment depuis les écrans de télévision » ou « Arrêtez la guerre, 4 300 personnes sont mortes pendant les trois premiers jours », avait été dénoncée par une femme de 76 ans qui l’avait vu remplacer les étiquettes de prix, rapporte le web site Paperpaper.ru. Selon ce média indépendant, qui l’a contacté, jeudi, après le verdict, cette retraitée s’indigne qu’on la « traite de délatrice » et se dit « fière »voiture « ne rien faire face à un crime, n’est-ce pas honteux ? »
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