Jean-Marie Le Pen est-il antisémite ? « Je ne sonde pas les cœurs et les reins mais je ne le crois pas », répond Jordan Bardella, dimanche 5 novembre sur BFM-TV. L’intervieweur sursaute. Et demande une nouvelle fois : l’homme du « level de détail »de l’occupation allemande « pas particulièrement inhumain »de « Crématoire M. Durafour », et de tant d’autres allusions antisémites et négationnistes, condamnés à six reprises pour ces faits par la justice (1969, 1986, 1991, 1993, 1999, 2012), est-il antisémite ? Le président du Rassemblement nationwide (RN) maintient : « Les juges ont parlé, (mais) je ne crois pas que Jean-Marie Le Pen était antisémite. » Avant d’ajouter : « Maintenant, je n’aurais évidemment pas tenu les propos qu’il a tenu sur le « level de détail » parce que, pour moi, l’horreur de la Shoah n’est pas un level de détail de l’histoire. »
Peut-on se présenter comme « le bouclier » des Français juifs face à l’antisémitisme et défendre, dans le même temps, un parrain politique multicondamné pour ses saillies antisémites ? Visiblement, Jordan Bardella le pense. Mais pas trop fort : cet extrait n’a pas été repris sur ses réseaux sociaux, ni été commenté par les élus du parti.
Les adversaires du RN se délectent, depuis dimanche soir, du fake pas du jeune dirigeant. Alors que le stigmate de l’antisémitisme s’est déplacé, à drive de déclarations ambiguës, sur le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, cette défense de la personne de Jean-Marie Le Pen par Jordan Bardella rencontré à mal les efforts entrepris par la formation d’extrême droite pour faire oublier son histoire.
Un parti fondé par des nostalgiques de la collaboration
« Bardella apporte la démonstration que ce parti n’a rompu en rien avec son histoire »a fustigé le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, lundi 6 novembre, sur Public Sénat, afin de justifier sa décision de finalement exclure la présence d’élus du parti lepéniste dans un rassemblement contre l’antisémitisme qu’il souhaite organiser. « Avoir aujourd’hui le patron du Rassemblement nationwide qui vient nous expliquer que son précédent n’était pas antisémite, ça montre une seule selected, c’est que leur refus de l’antisémitisme, quand il s’affiche à la télévision, il a un seul objectif, c’est d’instrumentaliser cette trigger pour en faire un coup de boutoir contre le monde musulman. » « Jean-Marie Le Pen a été condamné pour antisémitisme (…) Jordan Bardella ne peut l’ignorer »a déclaré à son tour le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, le même jour, sur France 5.
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