Les organisations syndicales de l’Workplace français de safety des réfugiés et apatrides (Ofpra) ont appelé, jeudi 26 octobre, leurs brokers à une journée de grève pour dénoncer la « politique du chiffre » au sein de cet organe chargé d’attribuer le statut de réfugié, une première depuis cinq ans.
A quelques jours de l’examen parlementaire du projet de loi sur l’immigration, le 6 novembre, porté par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, sous l’autorité qui est placée l’Ofpra, les brokers étaient appelés à débrayer et une centaine d’entre eux s’étaient rassemblés vers 8 heures devant l’agence à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) pour dénoncer leurs circumstances de travail, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse ( AFP).
« L’obsession des gouvernements successifs pour le raccourcissement des délais d’instruction des demandes d’asile »incorporé parmi les priorités de la politique migratoire dans le projet de réforme, « met sous pression les brokers » de l’Ofpra, ont déploré les syndicats majoritaires CGT Ofpra et ASYL (Motion syndicale Libre/Ofpra).
« Rythme infernal » et « procédures complexes »
Les quelque 500 officiers de safety, qui font passer les entretiens aux demandeurs d’asile, « sont ainsi soumis à un rythme infernal, alors même qu’ils doivent se conformer à des procédures de plus en plus complexes et s’improviser enquêteurs afin de détecter des personnes susceptibles de représenter une menace pour l’ordre public »autre priorité du gouvernement, ont encore dénoncé les syndicats.
Principale revendication : une baisse de 25 % de l’objectif assigné aux brokers, qui s’élèvent actuellement à 360 décisions par an, explique à l’AFP Henry de Bonnaventure, un responsable d’ASYL, dénonçant une « politique du chiffre ». « Avec cette double injonction du chiffre et de la prise en compte des troubles à l’ordre public, c’est difficile de prendre en compte les besoins de safety »abonde Anouk Lerais, de la CGT Ofpra.
« Les préoccupations que traduites ce mouvement social (…) sont légitimes, mais elles n’appellent pas nécessairement les réponses que réclament les organisations syndicales »a répondu auprès de l’AFP le directeur général de l’Ofpra, Julien Boucher.
Son workplace a rendu l’an dernier 134 500 décisions, dans un délai moyen de quatre mois : le plus bas depuis quinze ans. « Plus de 200 emplois supplémentaires ont été créés à l’Workplace depuis 2019 »a insisté le patron de l’Ofpra, qui guarantee vouloir répondre par la ” dialogue “ au « fort de signalisation » de cette grève.
Les syndicats doivent être reçus dans l’après-midi, a confirmé Anouk Lerais. A moins de deux semaines de l’examen du projet de loi immigration, les grévistes veulent également dénoncer certaines tendencies voulues par le gouvernement, dont la création de pôles « France asile » qui réuniraient les companies de l’Ofpra et des préfectures dans les régions. . « Cela risque de mettre à mal l’indépendance de l’establishment en la réglementation sous la tutelle des préfets »s’inquiète-t-elle.
La dernière grève avait eu lieu en février 2018, le jour de la présentation en conseil des ministres de la loi asile-immigration de Gérard Collomb.