Cinq mille manifestants selon les autorités, 10 000 selon les organisations écologistes : nouveau coup de drive, ce samedi 21 octobre, dans le Tarn, des opposants à l’autoroute A69 Toulouse-Castres.
Des grilles arrachées, un déluge de jets de pierres sur les façades vitrées d’une société de terrassement. L’entreprise Bardou Promotion, au bord de la RN126 à Cambounet-sur-le-Sor (Tarn), essuie les foudres d’une cinququantaine de casseurs et militants encagoulés, réunis contre le projet autoroutier de l’A69, entre Toulouse et Castres .
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Ce samedi 21 octobre, les groupes de manifestants se séparent pour diversifier leur mode d’motion. Et les plus radicaux, déambulant sous les bannières antifascistes, Extinction rébellion, animent le cortège baptisé « Economie locale ». Face au saccage du bâtiment, Marc-Antoine, jeune manutentionnaire, ne peut contenir seul la obscure de fureur qui s’abat sur l’enceinte de l’entreprise visée par les casseurs. La société tarnaise est ciblée, selon les anti-A69, “pour ses activités de sous-traitant” au service du concessionnaire Atosca.
Près de 2 500 militants radicaux étaient présents ce samedi 21 octobre à Saïx, dans le Tarn.
Casseurs et saccages
“Je bosse ! J’ai une famille à nourrir !” lance l’employé prêt à en découdre pour défendre son gagne-pain. Il est retenu par un collègue pour éviter un drame. Pendant ce temps, les casseurs saccagent les grilles de la société et en font des boucliers pour ralentir l’avancée des gendarmes déployées sur la RN126, juste avant les bâtiments pharmaceutiques Pierre-Fabre.
Des gaz lacrymogènes fusent pour disperser les casseurs qui rejoignent le camp de base, deux kilomètres plus loin, à Saïx. Le cimentier Carayon a été lui aussi ciblé pour les mêmes raisons et un début d’incendie s’est déclaré à l’intérieur de cette société.
“C’est une journée couronnée de succès !” se réjouit, porte-voix en primary, l’un des dirigeants du groupe vêtu de noir, comme les 2 500 militants, dont de jeunes enfants présents lors de ces opérations commandos. De son côté, la préfecture tarnaise déplore que les organisateurs “n’étaient pas respectés leurs engagements” alors que le cortège des plus radicaux (2 500 personnes) a emprunté “des voies non sécurisées”.
Sandrine Rousseau : “Ce projet, ça suffit, il faut que ça s’arrête !”
Fragment d’une journée de manifestation baptisée “Ramdam sur le Macadam” dans le Tarn, minutieusement préparé. Cette deuxième grande mobilisation (10 000 selon les organisateurs, 5 000 selon la préfecture tarnaise) répond à l’appel de nombreuses associations de défense de l’environnement dont La Voie est libre, Extinction rébellion, du groupe nationwide de surveillance des arbres, de la Confédération paysanne et des Soulèvements de la Terre. En avril dernier, 8 000 manifestants s’étaient rassemblés sur cette zone. Ce samedi après-midi, pas moins de six cortèges se sont lancés de Saïx pour affirmer une “détermination sans faille et exiger l’interruption d’un projet d’autoroute écocide”, sermonnent les militants écologistes de toute obédience.
“Je lance un appel à Carole Delga pour lui dire que ça suffit, on ne veut plus de ce projet !” scandale la députée écologiste de Paris Sandrine Rousseau. “Cela fait des années que l’on dit que ce projet est un projet climatique et socialement injuste, 20€ pour un aller/retour entre Toulouse et Castres pour faire 53 km !” condamnée, la députée écologiste de Haute-Garonne, Christine Arrighi. Le conseiller municipal toulousain Antoine Maurice stigmatise “un projet absurde, d’un autre temps”.
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“Les politiques nous envoient droit dans le mur”
Sur le camp de base, musique, prises de parole et un énorme ballon gonflable symbolisant la Terre s’élance dans les airs face à des militants renforcés. Thomas Brail, membre du groupe nationwide de surveillance des arbres est chaleureusement applaudi. “Le visage de cette lutte, c’est le vôtre ! Les politiques nous envoient droit dans le mur”, scande cette determine emblématique du mouvement qui vient de terminer une grève de la faim durant quasiment un mois pour s’opposer à l’A69 .

Un des maisons squattées par les opposants à l’A69.
Les festivités se dérouleront ce dimanche. Mais déjà un autre fight radical s’interact avec la création d’une zone à défendre (ZAD) sur les lieux, dans une bâtisse expropriée. Et le signe que les militants écologistes ne lâcheront rien.