Dans le cadre de l’enquête sur l’attaque terroriste perpétrée dans le lycée Gambetta d’Arras, dans laquelle un professeur de lettres a été tué à coups de couteau et deux autres personnes blessées, trois hommes ont été impliqués depuis vendredi. Ils sont soupçonnés d’avoir influencé Mohammed Mogouchkov dans son opération criminelle. Parmi les suspects determine Maxime Chateauneuf, dont la garde à vue a été levée ce lundi 16 octobre 2023 au soir. Déjà connu de la justice dans les Pyrénées-Orientales depuis une dizaine d’années, ce trentenaire a grandi à Elne où on se souvient d’une tout autre personne.
“Il y a le Max d’avant et le Max de maintenant”. Les proches sont unanimes. Et ont bien du mal à réaliser. Maxime Chateauneuf, cet homme de 32 ans, incarcéré depuis 11 ans, qui est soupçonné d’avoir radicalisé le terroriste du lycée d’Arras, en l’influençant lors d’échanges sur des réseaux cryptés, n’a rien à voir avec l ‘adolescent qui a fait jeunesse à Elne.
Quand il arrive au village, le jeune garçon, né à Perpignan, vit seul avec sa mère. Les relations avec son père, un Espagnol d’origine qui réside la plupart du temps de l’autre côté de la frontière, sont très distendues et se reprennent, semblent-t-il, à un coup de fil tous les deux ou trois mois. .
Mais, le collégien s’intègre, se fait des amis dans une bande de jeunes du coin, joue au soccer dans l’équipe locale où se souvient de lui comme un “très bon élément” , fait des allées venues dans le membership d’Argelès et paraît passer du bon temps. Petit, brun“il était assez costaud, il aimait bien le sport en général et la musculation”, racontent certains. “En fait, il était beau, plaisait beaucoup aux filles, sortait, buvait de l’alcool. Rien à voir avec l’Islam. Il n’était pas musulman d’ailleurs, personne de sa famille non plus et aucune de ses copines”.
“Malheureusement”, soupire-t-on dans son entourage, le tournant de son existence intervient aux alentours de ses 17 ans. Sa maman, dont il était très proche et sur laquelle il veillait, met fin à ses jours. “UN à partir de là, beaucoup de choses ont changé. Il n’était plus heureux, il s’est renfermé, barricadé. Il a essayé de renouer les liens avec son père, mais ça n’a pas marché.” Maxime Chateauneuf reste seul au domicile familial d’Elne puis est recueilli chez un guardian à Argelès-sur-Mer. Il a déjà décroché du monde scolaire. “Il sortait beaucoup et avait cet esprit de rébellion”. Alors, “les soucis” commencer. Vers ses 20 ans, “il s’est mis dans un trafic de stupéfiants avec un ami d’Elne et ils se sont fait attraper“, rapporte-t-on encore. “Puis il a été jugé pour une histoire de braquage d’un commerce. Et il est rentré en jail”. Voilà pour la première étape…
“Il était à fond dans l’Islam, et plus il s’en rapprochait, plus il s’éloignait de la société”
Les amis d’avant pourtant de lui rendre visite dans les différents centres pénitentiaires où il est successivement transféré, l’aident un peu financièrement, prennent de ses nouvelles par téléphone. Or, personne ne peut échapper à sa transformation. D’abord, il dénonce en boucle “les injustices de la société” et s’imprègne progressivement de l’Islam. “Ce n’était pas une pratique radicale au départ mais un chemin spirituel. Mais petit à petit, c’est devenu compliqué. On savait qu’il commençait à se radicaliser”.
Le détenu ne réclame bientôt que des livres sur la faith. “Les choses éphémères, il les laisse aux autres, aux mécréants, il répète ça. Il a une aura et il a toujours été charmeur, si bien qu’il en devenait manipulateur. Et avec de belles paroles, il essaie de convaincre “. Depuis sa jail, il n’hésite pas à appeler des connaissances en pleine nuit pour les rappeler à la prière, multiplier les rappels à la bonne conduite, rabâche “ces phrases toutes faites du prosélytisme islamique”. “Il était à fond dans l’Islam, et plus il s’en rapprochait, plus il s’éloignait de la société”. Lors de son procès, pour participation à une entreprise terroriste en 2022, il refuse de se lever à l’énoncé du jugement. “Je ne serai jugé que par notre créateur”, s’exclame-t-il. “Il pense que personne ne peut le juger sur terre. Il s’est mis en tête qu’il était en mission, que cette vie-là n’est qu’une étape et que la vraie vie c’est après. Il est Endoctriné qu’on ne peut plus le convaincre du contraire. Pour lui, si on pense que l’Islam et la République sont compatibles, on est dans le péché. Il n’est animé que par cet islam radical. Dix ans, vingt ans, quarante de jail, ça ne lui fait rien. Et aujourd’hui, il n’y a rien qui peut le freiner”.
Au fil du temps, le cercle d’autrefois se serait ainsi éloigné. “Max, avant c’était un gars tremendous sympa, très généreux. Quand il avait un peu plus d’argent que les autres, il invitait tout le monde à manger. Et il n’oubliait jamais les gens qui lui avaient rendu service. Aujourd’hui, ce n’est pas lui. On a encore du mal à se dire qu’il peut être dans des histoires aussi violentes, mais on était tous très loin de penser qu’il en arriverait là…”