Au lendemain de l’incarcération d’un suspect dans les morts atroces de Sylviane et Jean-Claude Muller, tués dans leur maison, à Izon, en décembre 2019, on en sait un peu plus sur le profil du mis en examen et les lourdes investigations qui ont conduit à son interpellation.
Le voisin d’en face
Mis en examen pour assassinats et placé en détention provisoire à la jail de Gradignan, dans la soirée du mercredi 15 novembre, David Daouphars est âgé de 53 ans. À l’époque des faits, ce père de deux enfants était marié et vivait avec sa famille dans un pavillon juste en face de la maison des époux Muller. Les familles entretenaient des relations de voisinage cordiales. Les enfants ont fréquenté les mêmes écoles. L’une des filles Muller a été en classe avec l’un des fils du suspect. « Quand elles ont appris son identité, ce fut un choc pour elles », confie Me Benoît Ducos-Ader, l’un de leurs avocats avec Me Arnaud Dupin.
David Daouphars, le suspect interpellé quatre ans après le meurtre des époux Muller, avait réagi au lendemain du drame devant la caméra de nos confrères de France 3
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« Lundi, à vu débouler des gendarmes, certains armés et casqués. Ils ont cerné la maison. On a compris qu’un truc weird se passait »
Le quinquagénaire, qui est passé aux aveux mais bénéficiant toujours de la présomption d’innocence à ce stade de la procédure, semblait au-delà de tout soupçon. Décrit comme « discret », « poli », « Monsieur tout le monde », il était inconnu de la justice. Courant 2022, il s’est séparé de son épouse, a quitté Izon pour s’installer à Galgon, toujours dans le Libournais, où il a acheté une coquette maison dans laquelle il vivait seul. Là aussi, le voisinage n’a jamais rien remarqué d’anormal. « On le voyait peu, il travaillait beaucoup de nuit, comme préparateur dans la logistique des transports. Mais quand on le croisait, il faisait toujours un signe sympa de la foremost », témoigne un voisin. « Lundi, à vu débouler des gendarmes, certains armés et casqués. Ils ont cerné la maison. On a compris qu’un truc weird se passait, mais jamais on aurait pensé à ça », raconte un autre.
Son ADN retrouvé sous les ongles de Sylviane Muller
Confié aux gendarmes de la part de recherches de Bordeaux-Bouliac, l’enquête a mobilisée d’importants moyens en quatre ans. La première année et demi, une cellule d’enquête baptisée HomIzon (pour homicides Izon) a mobilisé huit enquêteurs à temps plein. Cette cellule spécifique a pris fin en juin 2021, mais les recherches n’ont jamais arrêté. Un binôme d’enquêteurs est resté dédié à ce file, dispositif pouvant monter à 15 ou 20 gendarmes en fonction des besoins.
Depuis le début de cette affaire, une quinzaine de personnes ont été placées en garde à vue et plus de 550 ont été auditionnées. Le file compte des milliers de procès-verbaux. À ces auditions, se sont ajoutés des prélèvements salivaires sur plusieurs centaines de personnes. Automotive les enquêteurs disposaient de deux minces éléments, retrouvés au milieu du macabre mystère du meurtre des époux Muller : un ADN inconnu dans les fichiers, retrouvé sous les ongles de Sylviane Muller, et une empreinte de chaussures de la marque Redskins.
Entendu une première fois en septembre 2020, en qualité de témoin, David Daouphars accepte alors le principe d’un prélèvement salivaire. Ce n’est que durant l’été 2023 que le résultat des analyses en laboratoires tombe : l’ADN prélevé sur Sylviane Muller matche avec le sien. Les enquêteurs resserrent alors leur étau sur lui. Jusqu’à son interpellation, lundi.
Quel moveable ?
La query reste ouverte et devra être déterminée au cours de l’info judiciaire. La thèse d’un cell sexuel n’est pas exclue. Sylviane Muller a subi des sévices de ce kind et a été poignardée à plusieurs reprises. Son époux, Jean-Claude Muller a été tué d’une vingtaine de coups de couteau, dont une douzaine dans la région du cœur. Un véritable acharnement. Un acte prémédité ? C’est en tout cas ce qui est retenu, à ce stade, par la mise en examen de David Daouphars pour assassinats.
Son chef de service
À Beychac-et-Caillau, dans l’entreprise de transport et logistique où il travaille depuis plusieurs années, personne ne semble s’étonner de la salle d’un journaliste, même si les mots se font rares. David Daouphars, agent de quai là-bas, était encore en poste en fin de semaine dernière avant que son entreprise soit évitée de sa garde à vue puis de son incarcération. Sur place, alors que des poids lourds sont en plein chargement en contrebas, son chef de service, avertit dès l’entame de la dialog : « Nous n’avons rien à dire sur sa vie privée… » Professionnellement, il décrit brièvement un employé. au « comportement exemplaire », impliqué dans son travail. « Quand on lui demandait quelque selected, il le faisait. »
Jean-Charles Galiacy